MEURTRES-FRITES à la crème by Adele Prince

MEURTRES-FRITES à la crème by Adele Prince

Auteur:Adele Prince [Prince, Adele]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier, Roman
ISBN: 9791092982534
Publié: 2021-07-14T23:00:00+00:00


11

Valentin

J’arrive le premier. Charlotte est en retard, ça devient une habitude. Je repère la même serveuse que la dernière fois. Une locale, mince, blonde, musclée et dévouée.

Je suis le premier client. Ça tombe bien, j’ai quelques questions à lui poser. Son physique me semble familier. Je m’assois au bar.

— Vous travaillez tous les jours ici ?

— Pas vraiment, nous sommes fermés le dimanche, lundi et mardi en soirée.

— Il n’y a pas de golfeurs ces jours-là ?

— Peu. Les dimanches en fin d’après-midi, ils repartent au Havre, à Rouen ou Paris et comme les golfeurs se font rares en début de semaine, on ferme le soir. Faut bien des jours de repos pour récupérer. J’ai l’impression de vous avoir déjà vu ?

— J’ai déjeuné ici la semaine dernière.

— Ah ça doit être ça.

Elle me dévisage avec insistance, puis me demande :

— Vous déjeunez ?

— Oui, deux couverts.

— Installez-vous où vous voulez. C’est calme aujourd’hui.

Je m’installe à une table avec vue, autant en profiter. En deux ans, je n’avais jamais mis les pieds au golf. À croire qu’il y a rarement des problèmes. Je me rattrape et contemple le paysage. Elle m’apporte les menus, toujours avec ce regard bleu perçant qu’on rencontre assez souvent dans la région, mais n’ajoute rien.

Ouf, je respire. Pourvu qu’elle ne soit pas physionomiste comme moi. J’espère qu’elle ne m’a pas vu en ville dans mon uniforme. Je lui souris.

— Je vous sers quelque chose ?

— Un coca.

Tandis qu’elle file derrière le bar, Charlotte surgit en tenue de jogging, un sac sur le dos. Bien qu’essoufflée et dégoulinante de sueur, elle a l’air calme et moins sur la brèche que lors de notre dernier rendez-vous, et de plus, presqu’à l’heure. Dix minutes de retard.

— J’ai une soif.

— Un Perrier ?

— Avec du sirop de menthe.

Je commande tandis qu’elle s’installe.

— Tu as passé un bon weekend ?

— Comme-ci comme-ça. Et toi ?

— Surchargé. Entre notre enquête (elle murmure ce mot) et le restau… Depuis ma découverte de Janine Flochard sur le banc, je suis devenue plus populaire et La Pompadour attire les curieux. Ça fait marcher le commerce. Tout le monde veut me voir, tu penses, celle qui a découvert le cadavre.

— Le crime fascine.

— Et les théories vont bon train. Évidemment, je laisse traîner mes oreilles sur toutes les tables.

— Et ?

— Pas mal de potins et ragots. L'enquête a avancé de ton côté ?

— Nous nous focalisons sur deux suspects.

— Qui sont ?

— Stephane Langlois et Théo Flochard.

— Je connais Théo, il travaille avec nous depuis un an. Je doute qu’il soit capable d’un tel acte.

Son avis ne me surprend pas, alors j’abats mes cartes.

— Un témoin l’a vu dimanche soir au casino. J’ai vérifié, il y était bien. Il jouait aux machines à sous. Il a gagné au Loto ou le poissonnier le paie cash ?

— Certainement pas. On ne travaille pas au noir, ni dans mon restaurant, ni chez le poissonnier.

— C’est puni par la loi.

Elle me toise d’un air de dire que j’exagère.

— Rien de mal à dépenser ses pourboires.



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